mercredi 19 mai 2010

Society (Brian Yuzna, 1989)



Chez l'Oncle Brian, horreur rime avec malsain, dans un écrin de cellophane, toujours. L'horreur dans l'habit du commun livide et ordinaire, celle qui surgit comme un lardon faisandé dans une atmosphère de fadasse guimauve à la Melrose Place.

Ceux qui comme votre humble serviteur furent quelques peu choqués à la vue du Dentiste et de ses scènes farouchement gore paumées dans un trip nauséeux entre le soft porn et le psychosocial US de plus bas étage, ceux qui préfèrent Bride of Re-Animator au premier, ceux-là savent sans doute déjà de quoi je parle. Les autres peuvent continuer à lire, mais ils devront d'abord aller acheter un plat de lasagnes Tricatel micro-ondables et m'ingurgiter ça à même le clavier (tout en lisant, ça coule de sauce).

Je reprends : même si Yuzna (un patronyme aussi laid que ses films, vraiment) n'avait pas de style quand y'a pas de sang à l'écran ou un truc crade à se mettre sous la dent, il assurait le spectacle imaginatif quand il s'agissait de laisser les choses partir en testicule. Yuzna, c'est un peu ça : une esthétique de téléfilm M6, des acteurs de téléfilm M6, mais quand il veut poser de la scène choc qui défouraille mémé, il sait faire le Brian, et son Society à l'affiche ragoutante s'inscrit complètement dans la logique de ce feeling de salopard imprévisible, à savoir qu'il se passe rien ou à peu près rien. Exit l'analyse méticuleuse du background subversif  qui contribuera entre autres éléments anecdotiques à conférer à Brian sa réputation usurpée d'auteur "B" sous-estimé, gnagna, en gros le concept se limite à une énième variante paranoïde des Profanateurs de Sépultures, à savoir "ils sont parmis nous et y'a que moi qui sait" dans laquelle le show-business et les politiques  et tous les richards sont en fait une gigantesque secte d'aliens organisant des partouzes et des sacrifices rituels dans leurs manoirs (et juifs, l'étoile de David en douce, tu croyais que ça se verrait pas hein mon Brian, subtil salaud va)  - passons au synopsis tant attendu si vous le voulez bien.

Un jeune trou du cul des classes favorisées de Beverly Hills (incarné par une futur star d'Alerte à Malibu, ça s'invente pas) zone dans le quartier de la belle famille en ayant de plus en plus la sensation que les gens qu'il côtoie, jusqu'à ses darons, sont pas très très normaux, que la soeurette à l'air d'être une belle petite catin tordue qui se fait enfiler en douce par le paternel ; tout cette partie enquête et mystères mystérieux dans la jet society se déroulant sans qu'il se passe rien sinon quelques visions paranoïaques à base de limaces et de contorsionnistes, et la présence d'une grosse dame mangeuse de cheveux, probablement sortie d'une pochette de Supertramp, dirons-nous pour orner d'un peu de culture ce sobre compte-rendu.

Et puis enfin, après une heure et quelques de pas grand chose (avec quand même une bande-son toute en synthés cotonneux à la 9 semaines et demi, fort adéquats), le miracle tant espéré arrive alors qu'on  ne l'attendait plus, dans d'ultimes minutes au parfum d'ultime - qui m'auraient inspiré bien plus que cette minable antanaclase si je n'étais pas épuisé de ricanements spasmodiques m'empêchant toute tentative de fluidité et de clarté textuelle à la simple pensée de ces images... (reprend sa respiration et lance le bousin)


Pssssshiiiiiuuut ! on ouvre grand les vannes du n'importe quoi, dans une partouze orgiaque de mutants cousins illégitimes de la Chose de Papy Carpenter, où les têtes et les, euh, membres, se mélangent gaiement, où un avant-bras extensible va s'infiltrer profond dans le colon de la victime et la main intrusive ressurgir par sa bouche avant de lui crever les yeux avec l'index et le majeur comme qui rigole, tout ça en gardant le cigare au bec dans une pose à la Churchill, et tout ce beau monde baisant et léchant l'huile de colza sur les corps difformes recouvert d'FX gores à base de lasagnes et de peau de poulet tex-mex enduite de saindoux, le tout au travers du filtre rouge AOC toujours efficace quand il s'agit de donner du piquant à l'insalubre et au poisseux. Bref, des histoires de cuisine en huit-clos. Et rien que pour ça, on tire son chapeau en peau de couilles de foetus au Screaming Mad Georges, l'artisan des maquillages, et son sens inné du visqueux plus visqueux que le visqueux.

Mmmh. Bon.

Ces menues broutilles évacuées, passons à l'essentiel si vous le voulez bien :


LA TÊTE DE CUL

 

Et là, je dis attention.

Je dis danger.

Je dis coup-fourré et manigances.

Je dis bad joke de très très bad taste.

Je dis mon Brian, petit cachotier !

Je dis qu'il va falloir faire le 3615 Claude Corti, dare-dare...

Je dis surtout qu'on m'avait pas prévenu, moi, quand j'ai acheté le DVD pour une misère croyant tomber sur de l'horreur flippée bien traumatisante. Les jeunes ont le droit de savoir, merde ! Enfin merde... j'me comprends. Mais MERDE ! Si j'avais eu la force de rire, j'en aurais pété, et ça m'aurait fait la semaine. Mais j'ai été scotché, bouche et tous orifices bés (le masculin de bée, jdis ça parce que mon correcteur d'orthographe ne l'accepte pas... mais on l'encule) - proprement scotché ! Voyez-vous, c'est typiquement ce genre d'heureuses surprises qui me feront toujours claquer un peu de mon oseille dans des séries B ou Z dont personne ne veut sinon les geeks demeurés de chez Mad Movies (pour qui j'ai toujours du respect croyez-le bien, vu que je suis comme ces joyeux abrutis à peu de choses près, l'équivalent cinéphile du fan de death metal régressif en quelque sorte), ce genre de révélations picturales qui m'ont appris que la mère de Forest avait presque raison, parce que la vie, c'est comme une boîte de crottes en chocolat.

Je dis qu'on aurait pas du me prévenir, en fait, sinon l'effet aurait été neutralisé.

Et je me souviens d'une de mes madeleines de Proust (ou plutôt d'un de mes ravioli de Proust, ça colle mieux - et littéralement aussi, tiens ! et pourquoi pas Marcel PROUT, tiens) c'est à dire des vieux Newlook que je chouravais au paternel dans sa penderie (le vieux poussait au vice : ses chaussettes étaient mieux cachées), ceux dont les pages les plus intéressantes étaient collées entre elles par ce que j'imaginais en bon pré-pubère naïf d'alors être de la colle Cléopâtre (celle qu'on sniffait ou mangeait en maternelle), ces collants Newlook donc, disais-je, qui étaient ornés - ce qui m'intéressait alors le + - de plantureuses salopes, et entre deux romans-photos de Lova Moor et une interview de Vanessa Demouy, j'y avais entraperçu d'horribles trombines - celles des films de Clive Barker et ses galleries de freaks en latex, et surtout les immondes jet-setters mutants en peau de lasagne du père Brian ; et jme suis toujours fantasmé des choses abjectes, malsaines, le genre de truc qui me salirait la tête s'tu vois cque je veux dire moussaillon... et j'avais raison sur toute la ligne, sauf que je me serais jamais douté qu'il existait aussi une face de fion, une vraie, qui parle et qui gigote !

C'est vrai qu'on en apprend tous les jours, nom d'un rectum farci.

En espérant que tout ce vocabulaire culinaire vous aie donné grand faim, mes perdrix chéries...

2 commentaires:

  1. Je plussoie sur ce film, dont l'unique (mais non moindre) intérêt est cette scène d'orgie complètement surréaliste et Moignonnesque en diable ; rien que pour ça...
    Par contre, pas joli joli de spoiler le passage du headbutt... :)

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  2. ouais c'est vrai, je me suis demandé si c'était pas niquer 99% de l'intérêt de la surprise party finale donc du film, et puis en fait non, il FAUT le voir avec la réplique culte qui va avec, l'image n'est qu'un avant-goût si j'ose dire

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