mercredi 12 mai 2010

Halloween II (Rob Zombie, 2009)


La première chose qu'il faut signaler au cas où certains se poseraient encore la question : Rob Zombie est le chanteur de White Zombie. Rob Zombie est un fan d'horreur bis. Rob Zombie est le fils illégitime d'Alice Cooper et de Al Jourgensen. Rob Zombie n'est pas - et ne sera probablement jamais - un réalisateur. Même s'il a été capable de pondre deux films sympathiques, ce mec ne sait pas filmer, a les plus grandes peines du monde à créer une atmosphère, et n'a probablement jamais lu la définition des mots "homogénéité" et "post-production" dans un dictionnaire.

Et H2 est son plus mauvais film à ce jour. J'ai été aguiché par l'affiche très cool - j'ai fait l'erreur monumentale de croire que mes 20 reu seraient amortis. C'est un gros torchon. Un torchon intéressant, parfois singulier, souvent punk et totalement en roues libres, mais un torchon quand même. Il paraît que le director's Cut est encore pire que la version que j'ai vue. C'est sans doute vrai, même si j'ai du mal à le croire.

J'avais vu d'un oeil peut-être trop tolérant le premier remake de cousin Zombie, malgré le fait que je sois un die hard fan de l'original car comme tous les fans je l'ai vu avant d'avoir 12 ans, j'ai toujours été partisan des remakes qui proposent autre chose, malgré tous les défauts, l'incapacité totale de ce mec à créer une seule vraie scène, le montage calamiteux, McDowell trop peu mis en avant, Myers interprété par un des frères Hanson en pleine période Slipknot... tout ou presque jouait en sa défaveur, et pourtant, j'avais salué l'audace du gros Rob a vouloir comme qui dirait intégrer à son univers rock'n'horror le mythe sobre et opaque créé bien malgré lui par l'Oncle John, en se foutant de savoir si ça plairait ou non aux amateurs du standard carpenterien, et en faisant mouche sur quelques scènes perdue dans un gloubi-boulga informe et aussi assuré dans sa démarche que les pas d'un parkinsonien sur un tapis de jogging en position turbo. Mais en voyant cette suite, je me suis dit que Rob y gagnerait beaucoup à continuer sur la lancée des Devil's Rejects au lieu de croire qu'il peut réussir à refaire Halloween, parce qu'il fait juste n'importe quoi, et que ça ressemble à rien. Il s'agit pas de remake, mais d'un délire perso déguisé en remake ; et même si tout ça prête à consternation, mes chers lecteurs et agneaux chéris, on peut se consoler en se disant que ça reste personnel, et ma foi assez orginal, même si encore plus mal fichu et mal filmé que le premier.


Cette suite, Zombie n'en voulait pas, mais on lui a gentiment demandé. Il l'a donc joué bâclage, a improvisé à mort sur le terrain, et quand on voit la tronche de sa bouillie de drogué, on comprend un peu mieux. Résulte un faux-remake pataud et brouillon, avec ses acteurs rock'n'roll à sale gueule typique en second rôle, parfaitement incongrus, que ce soit les adolescentes sans doute péchos dans son tas de groupies (mon dieu cette Laurie Strode ! On dirait ma soeur à un concert de Tryo, putain de merde), ou le shériff qui aurait plutôt sa place dans le rôle d'un fermier consanguin, niveau casting, le film évoque plus Sheitan que Texas Chainsaw, et qu'importe la présence d'un sosie néanderthalien de Nick Cave très karacho, c'est franchement désagréable à voir. On passera sur la teuf gogoth qui vient comme un poil pubien sur la soupe aux potiron, en constatant juste que le gros Rob n'a manifestement plus rien à cirer du mythe ténébreux et va jusqu'à faire de notre Mike un grand clodo barbu à la Moondog (là j'avoue que j'ai eu du mal à digérer, quand même, même si c'est furtif et que j'exagère pour la longueur de barbe) quand il ne lui met pas une capuche de kaïra sur la tête du plus pathétique effet, et, gros gros point faible dans le tas de points faibles, mais sur lequel seuls les amateurs acquiesceront : il lui fait pousser des grognements de boeuf à chaque fois qu'il plante ses victimes - et ça, c'est vraiment craignos. 


Quid des points positifs ? D'abord, le côté rien à foutre qui apporte paradoxalement un charme façon "crotte-de-nez à la face du culte" par petites phrases gentiment démythifiantes ("Mike Myers ? Vous parlez du gars qui joue dans Austin Powers ?", ça j'ai bien aimé) avec sur la fin une tentative de scène tragique maladroite mais presque réussie quand le shériff découvre sa fille deader than dead dans la salle de bain sur fond de musique triste au piano. Puis les quelques scènes de mise à mort, qui sont assez bonnardes, catchy - à ce niveau Myers est plus proche d'un Jason Vorhees circa 87 que du boogeyman, c'est à dire un gros bourrin qui attrape les nanas par la tignasse et les claque contre les murs comme des petits chatons ou retourne des voitures à mains nues comme qui rigole. Ensuite, la B.O., forcément sympa quand on connait les goûts du bonhomme, un peu de MC5 par-ci, des miettes de Ace of spades par là (je sais plus quel morceau, ils se ressemblent tant), et le groupe de psychobilly fictif extra posé au milieu, ça n'fait jamais de mal. Et surtout,  la partie façon "critique de l'Amérique profonde" avec papy McDowell en Dr Loomis moustachu devenu businessman cynique et egocentrique, qui cabotine pépère sur les plateaux de télé en se demandant ce qu'il fout ici, dans des scènes très cool qui auraient méritées plus de place, tellement ce mec reste sous-exploité (et mal employé) depuis 30 ans. Le reste fait grand peine, et les scènes oniriques avec le cheval et Mme Zombie immaculée (je préférerais la voir simplement enculée ; effectivement, inutile de se forcer à rimer subtil pour si peu) sont parfaitement ridicules, j'ai rarement eu l'impression de pouvoir tourner et monter moi-même, en mieux, des scènes que je vois dans un film, mais c'est exactement ce que j'ai ressenti, tellement c'est filmé avec les pieds. Ni fait ni à faire, comme on dit dans ces cas-là. De toute façon quand je viens à causer technique dans une chro de film, c'est que l'oeuvre en question est sévèrement daubée, dites-vous bien.


Tout ce que j'espère c'est qu'à la prochaine il prendront un scolaire style Alex Aja, qui fera ptetre moins personnel mais plus efficace, et, je le répète mon gros Robert : restes-en à tes Rejects, tes House of the 100 Corpses, bref tes trucs de serial killer hippie au Cirque Pinder, c'est là dessus qu'il faut se focaliser, pas sur le business du remake, laisses ça à Michael Bay, va me réécouter un ptit Super-Charger Heaven et penses bien fort : JE PEUX Y ARRIVER. Bises velues.

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