jeudi 18 février 2010

"...avec des pattes qui tricotent !" - "Un pull-over ?"



Une de ces comédies fraîches et putasses typiquement 90's que les français savaient sortir sans honte de laideur, parce que la comédie française est laide, par définition. Extrêmement laide. Grimaçante. Le quota grimace est depuis quelques décennies laissé à l'abandon; on avait besoin de voir crever De Funès, c'est un fait. On savait faire du con à la chaîne mais toujours sans se fixer de limites, on s'en est fixé, on a pris des acteurs moins charismatiques et on a pondu des gags moins lourds à digérer, avec des thèmes rarement fascinants. Aujourd'hui on se fade encore quelques successeurs de la phase Indien dans la Ville (genre que je qualifierais de coméd'ile-de-france et qui a fait bien des émules) mais il faut éviter les gros récifs à base de Michael Boon et Dany Youn, ah, de nos jours c'est vrai qu'ils n'ont toujours aucune honte nos comedy-makers, ni aucune audace ou créativité comme au temps des Magnifique et autres Aile ou la Cuisse (je prend des extrêmes hein, mais c'est pour bien me faire comprendre) - comme si une comédie devait fatalement être faite à l'arrache en reprenant des gimmicks et scénarii bis bis parce que les gens bah ils la regardent pas pour voir de l'originalité, etc etc... sauf que non non. Aujourd'hui il faut le dire sans ambages, la plupart des gâteaux légers tout juste démoulés de notre moule à comédie parlent de relations extra-conjugales dont on se fout comme de notre dernier carré de papier fesse, des premiers émois de pisseuses ou pisseux piqués aux Sous-doués mais traités avec fadeur et tiédeur, ou simplement, et encore plus ennuyeux, des parisiens dans Paris où la vie sent bon la confiture bonne maman. Le new school finalement c'est ptetre ce connard vert-de-gris de Jeunet, dans l'affaire, mais lui se défendra sans doute d'appartenir au genre comédie et d'être un réalisateur complexe (lol), donc il nous reste quoi ? Même Pédale douce bah, c'était déjà un peu de la merde, même de la grosse, si t'enlèves Gamblin & Laroque. En fait c'est peut être une question d'acteurs, plus que d'histoire... Un indien dans la ville déjà, t'as un casting au sommet de sa forme : Timsit qui passe son temps à couiner (excellente scène avec le siège de la voiture) ou à tirer une gueule pincée de banquier emberlificoté dans ses agios, mais qui évolue vers une sorte de phase post-crise de nerf du paternel moderne assez bien rendue (bonne pose émo sur la fin, avec monologue moralisateur sur le rôle du père et ce que c'est d'élever ses enfants + voix éraillée par la fatigue psychologique plus convaincant que dans n'importe quel film sérieux style auteur, je mets au défi de trouver; sans parler du décor en background réduit au strict minimum mais éloquent), Lhermitte égal à lui-même (c'est à dire passe-partout, ustensile, comme un comptable qui comptabilise quoi), madame BHL qui donne envie dès ses premières lignes de lui mettre une bonne bitte dans sa bouche pour qu'elle la ferme (et son acolyte Besnehard, une courgette, ici ou ailleurs), et enfin l'espèce de Mowgli concon qu'ils ont planté là, qui est pas marrant en lui-même (du tout, juste pathétique comme un petit bout d'praliné insignifiant) mais qui amorce quelques conneries pas piquées des hannetons, et réactions en chaîne karacho (ah ce concierge, une merveille, et la vieille qu'arrête pas de lui hurler après ! "M. Maréchal !" on est au niveau du premier Visiteurs dans ces moments-là, Philippe Bruneau rules). La musique est bien sûr world variétoche, pour transmettre une notion d'exotisme chez le quidam lambda qui veut laisser sa cervelle sur le porte-manteaux le temps d'un nanar. Quoi de mieux que Tonton David & Manu Katché pour ça ? Moi j'vois pas, et vous ? Le casting qui fleure Paname & son envoûtante superficialité à plein nez, les bons sentiments tous bancals indispensables, tout est gentil, mimi (tiens), mais on dénote quand même une légère touche de ce glauque typiquement frenchie, dans les passages avec les mafieux mangeurs de doigt notamment, ou la tronche de certains seconds rôles genre le flic, ou Miou-Miou qui sent encore la tenue de soirée même si on dirait qu'elle joue Mauranne dans un clip de Mauranne; enfin voilà, y'a des trucs intéressants à raconter. Palud fera Mookie quelques années plus tard, et s'enterrera, sans cet apport de rythme et de freshness qui font les qualités de la présente comédie. Tiens, à un moment on voit un poster de Roch Voisine (l'alibi 90's, j'te dis), un peu avant que Mimisiku mange les poissons d'aquarium de ce gros marcassin neuneu de Timsit. Y'avait un ptit quelque chose là-dedans, c'est net.

Poème numéro 1

Ce fût une merveilleuse journée
Les enfants furent invités à goûter
Georges leur cueillit quelques tulipes dans le jardin d'à côté
Une montgolfière passa dans le ciel
Quelques mots furent échangés avec Mathilde, la gouvernante
A propos de ses menstruations et de ses spéculoos
On emmena les enfants se baigner dans l'étang d'à côté
Georges alla boire un café
Ah vraiment
Ce fût une délicieuse journée.