vendredi 30 juillet 2010

Alpha & Omega (Project Pitchfork, 1995)



La Raël-wave de Project Pitchfork, toujours aussi unique, est devenue un peu chiante. Les paroles sont toujours (voire plus) philosophiques, frontales et sans traitement poétique (du genre : "de nos jours des choses font peur au gens, comme le SIDA et la faim dans le monde...") et des perles de bon sens métaphorique notable ("imaginez un crabe plongé dans l'eau bouillante : il essaiera de s'échapper ; imaginez ce même crabe plongé dans une eau froide qu'on porte à ébullition : il mourra sans bouger") sur une recette à même base saccharose que IO avec quelques moments de nouvel âge cocotants à la Delerium en suspension dans la confiture, mais le Vit'pris n'a pas aussi bien marché qu'avant - oups! une gelée - et on s'emmerde un peu ; trop d'inégalité, pas assez de mélodies qui tuent, mais un Peter à la texture vocale plus veloutée qui bluffe à plusieurs reprises. Et puis surtout il y'a Alpha & Omega, le titre, et encore + surtout le tube qu'on ne présente plus, Requiem.

One Trip One Noise (Noir Désir, 1997)



Pendant longtemps (avant que je kiffe enfin Aggravation & Overdrive), Treponem Pal n'a jamais été un groupe intéressant à mes yeux myopes qu'à travers ce ssssssuuuublime remix d'intro, aka "voguant sur une toile de fond dub au parfum nommé désir, l'exquise incantation de Béber"... Aussi entêtant que du Manu Chao (ou du Scorn). Avec un zeste de Chatterton. Hautement tripant et addictif, et inoxydable en soirée, ce qu'on doit attendre de tout bon remix qui se respecte.

Quant haut reste de cette fourmidable compilachion ? 
A part peut-être le remix de Zend Avesta (et encore en étant d'humeur café), rien qui ne vaille la peine de se relever la nuit.

mercredi 28 juillet 2010

V (Saint Vitus, 1989)



Ce groupe me fait tiède au tripes, mais comme pour Candlemass je penche plus pour le chaud que le froid. Scott Weinrich c'est un peu le gendre idéal du doom, j'ai l'impression. Glaner des trucs dans sa disco m'a été aussi captivant que la lecture (hypothétique) d'une bio de Francis Huster par Guillaume Musso.
En même temps pour ce que j'y connais en doom, moi... La crédibilité du chroniqueur c'est comme une paire de Nike Air Max, tous les gars du collège en ont voulu une un jour et puis dès que tu  les porte enfin tu te rends compte que c'est pas aussi confortable qu'on raconte. Les pieds sur terre, c'est mieux : j'en suis resté à Black Sabbath , con et borné, et depuis mes 13 ans j'ai rien écouté de mieux dans le genre, et j'ai fait mine hypocrite ces 3 ou 4 dernières années de trouver du génie dans à peut près tous les trucs post-Witchfinder General post-Pentagram ou post-je sais pas quoi qui sont sensés leur ressembler en leur rendant hommage, alors que je trouvais bien souvent ça juste sympathique, mais fade, et qu'une pensée tenace ne cessait de grossir dans mon cerveau très propre : 'ceusses qui le font vraiment bien avec l'émotion et la personnalité sont rarissimes et désormais il va falloir arrêter de jouer au con, jeune homme'.
Ce qu'on est sensé piger dans l'histoire (et ce en étant aussi historien que moi - Marignan 1616 c'est  bien ça ?) et qui ne manquera pas d'arracher une moue superdubitative à tous mes lecteurnauts, c'est qu'il y a pléthore de groupes du grunge au drone qui ont dévoué beaucoup de leur temps précieux à décalcomanier les plans et attitude des papys en long en large depuis trente ans, certains plus ouvertement que les uns et plus religieusement que les autres, et que certains de ces certains-là qui sont les certains fanatiques communément rassemblés en meutes de bigots sous la bannière Doom le font presque aussi bien que les vieux ancêtres préhistoriques même si rarement aussi bien que les uns et les autres (ceux qui le font pas religieusement--- merci de me suivre). Genre sur ce disque, plat et déséspérant comme un cul de vieux, et imbibé d'une classe qu'on ne retrouve guère que dans le motif de charentaises bon marché dans les rayons mornes d'un obscur Aldi de Tourcoing. Un disque qui sonne à mes oreilles comme une évidence. Il paraît que c'est culte, aussi.

Empires (VNV Nation, 1999)


Le seul que j'apprécie vraiment, le voici... Frais et ganache. Rescapé de ma période Absurd Minds-Neuroticfish-In Strict Confidence & autres salsifis gracieusement offerts à mes oreilles par les samplers D-Side et Elegy...
Un pied dans la période techno body music (mais ennuyeuse à mourir) des débuts, et un pied dans la soupe future pop inepte que Ronan nous sert depuis plus de dix ans. Le juste milieu entre trance pop Fabulon et martelage chromé de clubber imberbe, entre la mélancolie la plus aseptisée et le beat le plus sportswear. La juste saveur, une fois qu'on arrive à percevoir la relative tristesse et le désenchantement gothique non feinté qui s'en dégagent derrière des paroles du niveau philosophique de ce que j'écrivais en 5ème quand je me fantasmais mon groupe gothique.

Ronan Harris, lui, restera toujours une énigme... Comment un anglais peut-il être encore plus dépourvu de personnalité qu'un français quand il chante en anglais ? Mystère et boule de gomme.
Peut être qu'on s'en branle un peu, aussi, dans le fond.

Trust (Low, 2002)



Low est lent. Low est chiant.
Low porte bien son nom. 
Low est le gospel des gens fatigués, la messe des noctambules, le long soupir exténué des paresseux. La chanson du générique de fin pour une comédie sentimentale aux airs de navets intello qui s'est terminée par une rupture sauce "on reste amis, hein ?". Le moment soul des grands maigres, des frêles, des blafards, des peine-culs, de ceux qui ne veulent pas bouger le petit doigt pour trouver l'âme soeur et qui s'en rongent les doigts chaque jour que Dieu fait. Low est le blues pour ce con pathétique que tu es, un peu de beauté délavée pour lui, pour chaque moment où tu t'emmerdes sur ton fauteuil en gardant les yeux rivés plusieurs minutes sur chaque objet inintéressant dans la pièce. En pensant vaguement à une nana... Lisse ? Fade ? Si tu veux... Si ça t'arrange...

Sur celui-ci, émaillé de quelques soubresauts nerveux - hum hum - et remplit ras-la-gueule de morceaux pas si longs que ça et pourtant interminables et encore plus "j'aime sur le moment mais je me souviendrai plus de la moindre note une heure après" que du Tindersticks ou The Dears, il y a Amazing Grace, l'intro - pardon - LA intro. Une sorte de quintescence du morceau d'after, quand le Soleil commence à pointer sa gueule et que la tienne devient plus pâle que la Lune.

Si on s'est jamais fait vanner sur ses poches bouffies ou ses yeux rougis par la fatigue, on ne peut pas comprendre cet album, et encore moins ce groupe. Un disque de cernes, pour les creuser encore plus.

Lam'bras (Project Pitchfork, 1992)


Je sais pas vous, mais moi je vois rien au-dessus de IO. Le trip Blade Runner dark electro écolo unique de Project Pitchoune m'a jamais autant séduit que sur ce joyau.
Lam'bras, c'est un peu la démo de IO - avec des rythmiques EBM et des mélodies de synthés stupides qui empêcheront toujours le moindre lien avec les grandes dentelles psychotiques de Skinny Puppy dans mon esprit. PP n'a jamais rien eu de psychopathe, de malsain ou d'inconfortable : PP est cinématographique, mystique et totalement new wave. Et ici on a déjà cette fascination naïve pour l'extra-terrestre et cette étrangeté spontanée (accidentelle ?) et cette gentillesse totale des paroles qui sont bien ancrées. Une des multiples facettes de leur personnalité.

A Lam'bras City, Ville Fleurie du Cyberespace, le ciel est orange, le lac en grenadine, et les dauphins qui y nagent sont des robots programmés pour désamorcer les mines anti-navires installées par les anciens peuples belliqueux qui vivaient jadis en ces lieux paisibles... Quelques OVNI à la carlingue très retro passent au-dessus des têtes de bouddhistes cyborg en pleine méditation informatique sur des plages en tofu, et Peter le prêcheur new age essaie de tirer quelque grâce de sa voix très laide en faisant la grimace.
On y fait des rêves en plus basse définition que sur IO. Avec des pixels plus gros.

N'empêche...

Stronger Than Ever (Digger, 1987)



Il y a certains jours, de plus en plus nombreux, où je m'imagine dans le monde idéal. Ce monde serait débarassé de toute musique intelligente et de tout repère geek, toute cette merde qui nous pollue le cerveau, que ce soit la poésie ou les plantes en pot.
On y serait soit garagiste soit motard.
On y boirait soit de la budweiser soit du dr pepper.
On y aurait des émotions et un humour de hardos. Car c'est ce qu'on serait : un hardos. Un gars pour qui ça roule toujours et qui ne se rend poète que pour mieux serrer les clientes du garage... Un hardos des années 80 en plus. Dangereuse espèce...
On y aurait des synthétiseurs de temps en temps, pour exprimer notre mélancolie... et de beaux solos. Ou soli.
Enfin... je sais pas pourquoi je me casse le cul à rêver et à essayer de vous faire partager ce rêve, la pochette vous aide suffisamment encore une fois. L'important dans la vie ce n'est pas la complexité dans la personnalité, aimer des trucs trop crépusculaires pour le citoyen lambda ou flirter avec des jonquilles en s'enduisant les tétons de brillantine au son du dernier album de Antony & The Johnsons. L'important c'est la puissance du moteur et la gueule de la carrosserie. Grave Digger (ici ce sera Monsieur Digger tout court pour ta gouverne, ptit pédé) n'a jamais fait que de la merde, mais en 1987 il lui a pris d'en faire de la bonne. Pour la seule et unique fois en mode flashy-moule-burnes & touffe peroxydée, sans perdre une once de turbomenace et en collant quelques breaks  bizarroïdes dans la foulée, et là j'ai envie de dire que tous leurs désespérants albums médiévaux de série, à côté de ce pur journey priest-metal  qui essaie de surfer sur la vague Europe-éenne (et non européenne) avec la discrétion de Blackie Lawless dans une librairie, ben ça fait pas l'ombre d'une hésitation.
Ce serait comme hésiter entre une harley davidson tout pourrie et une Honda Gold Wing flambant neuve ; t'hésiterais, toi ? Bon.

We Sweat Blood (Danko Jones, 2003)


Rock, sans le "n'roll".  Jeune, et con. Avec un leader éponyme anti-charismatique, et vocalement - aussi bien que physiquement - très fortement antipathique.
Mais va savoir pourquoi, j'l'aime bien cette petite bécane, en tout cas depuis que je l'ai achetée à sa sortie, on s'entend toujours bien... La pochette sans doute, qui ne s'embarrasse pas d'originalité et tape dans l'oeil comme celle d'un bon Unsane. Ou alors les refrains très cons... en fait c'est juste de la bonne power pop matinée de hard boogie et de punk à pétasses, faite par des ricains (parait qu'en fait ils sont canadiens mais osef) sans imagination, mais avec un feeling de frimeur rebelle & tête à claque tout à fait charmant,  vaguement wyndorfien sur les bords, et rafraîchissant. En gros ça balance bien, ce ptit machin. Hot!hot!hot!hot! hot-damn' you're the woman for this man !

PS: Je me fous complètement de savoir ce que valent les suivants, les précédents. Avec ce genre de groupe-accessoire, un seul disque suffit, et comme dirait ma grand-mère "quand t'en connais qu'un c'est toujours le meilleur de la disco".

Schlaf (Calva Y Nada, 1998)



Je remercierais jamais assez le vieux Gégé pour m'avoir définitivement contaminé à Calvados Y Nada - alors que je n'en connaissais surtout que la réputation, et Paradies - après en avoir entendu quelques bribes en allant me coucher en plein début de soirée comme une petite nature (faut dire que quand t'as l'habitude de dormir de jour tu passes pour un asocial... enfin j'en suis déjà un à la base mais ça aide pas); en sombrant  sur le matelas j'avais été comme bercé par la mélodie crevarde de ce qui me semble-t-il s'appelle Rascheln, résonnant à l'étage du dessous. Belle saloperie...

En fait, il est difficile de parler de Calva Y Nada, même si on en a grave envie tellement c'est simple et bon...  leur musique est d'une telle évidence, que ça se passe de mots, finalement.
Calva Y Nada, c'est évident comme si je te dis 'boudin noir', 'Horst Tappert' ou 'moustache d'Adolf'. Calva Y Nada est un cliché, massif et absurde, un de ces clichés lourds et encombrants que le pays d'où il vient a tant charriés et tant soufferts.
Calva Y Nada ça s'exprime pas, ça se vit... C'est un peu le même problème épineux que de vouloir faire découvrir d'autres formations 80's secrètes du genre comme Poupée Fabbrikk, Vomito Negro ou Borghesia... sauf que CYN sont encore plus fascinants que ces trois là (ne serait-ce que pour l'espagnol, certainement pas posé pour l'aspect exotique comme le feraient - feront - les technosatanistes compatriotes de 666), et que leur disco entière n'est qu'un album dès lors que tu deviens un tant soit peu accroc à ce son ancestral et oublié, mais massivement envoûtant...
Disons simplement qu'ils sont la version la plus teutonne possible des déjà très teutons D.A.F.
L'idée la plus pure et pornographique qu'on pourrait se faire d'une EBM gothique.
L'idée la plus pure de ce qu'on pourrait appeler "electro dark" dans un monde logique... des gothiques à synthétiseurs primitifs (eux, et leurs synthés) en vieille Volkswagen noire et sale, dans ce monde où Suicide Commando, Wumpscut et autres ne seraient que des beaufs un peu agressifs en Subaru tunnée, et Project Pitchfork des écolos pacifistes en Kangoo. Et le garage Ivens & Larsen pour les vidanges et autres réparations. Mieux que Laibach, Die Krupps et Das Ich réunis, Calva Y Nada te fait danser froid et suer froid. Calva Y Nada est grotesque et te glace les os, et ce bien plus vite et efficacement que ne le fera jamais un Front 242, le vieux scientifique de l'armée au teint pâle avec lequel tu m'as avoué avoir eu quelque relation sur le dancefloor. Avec Calva Y Nada le dancefloor devient tanzfleur. Tu y es, et tu y es bien, dans ce cauchemar aussi morne et douillet qu'un épisode de Derrick. Les danseuses de ce nacht-klub sépulcral sont toutes des boudins  au crâne rasé, bourrées au schnaps, mais elles te collent toutes une trique de cheval. Et tu les sodomises l'une après l'autre. En ne pensant à rien. Les yeux rivés sur un de ces murs pisseux enduits de cobalt. Bref, le pied.

Des mélodies qui restent collées à ton cervelet comme de la patafix, malsaines, linéaires et carrées. Un chant de gros cochon, malsain, linéaire et carré... Ridicule, abruti. De plus en plus flippant plus il est ridicule et abruti. De plus en plus encombrant... la grosse grosse flippe allemande oui, symptomatique de leur sens unique (et inné) du kitsch à angles droits depuis l'âge des statues aryennes et les premières toiles d'Otto Dix, de la virilité menaçante et du caricatural chirurgical. Rammstein ne sont peut être finalement que la version populaire et tous publics de ces bestiaux...tout compte fait... Foutus germains.

J'ai déjà réussi à régulariser les 5 premiers et coulé des jours heureux en leur compagnie, sans avoir à vendre un rein comme je le craignais - parce que tous ont en eux au moins 1 morceau qui t'oblige à les posséder, comme un diadème qui t'attire irrépressiblement à lui. Que ce soit la berceuse du disque, le tube bourrin ou le disco de service pour faire ses pompes. Au moins un morceau. Sur celui-ci - le 6ème, celui que j'ai pas encore - y a Leben, et Leben ça tue. Dès que je le vois à moins de 20 euros, c'est cuit pour sa pomme (nm : fruit rond provenant du pommier, à partir duquel on confectionne un alcool exquis)

lundi 26 juillet 2010

Panic (Death SS, 2000)

Les fans de l'inénarrable Paul Chain (le monosourcil du doom ?) connaissent tous Death SS.

Il y a au moins 3 bonnes raisons de s'intéresser à Death SS, des raisons que j'aurais du connaître il y a de ça 10 ans quand j'ai entendu parler de la bête pour la première fois ; mais encore eusse-t-il fallu que je croisasse ce disque dans des contrées plus avenantes que les pages ingrates des catalogues Adipocere... Du coup, je n'en eusse rien écoutassé, nada, et je regrette car j'aurais encore plus aimé à l'époque, là je suis trop blasé, pas assez naïf... mais on s'en fout.

Je disais donc, 3 bonnes raisons de s'intéresser à ce groupe fantoche aux initiales de voiture française culte nazie :

1. Ils ont un nom simple, moisi, classe et bizarre en même temps.

2. Ils sont Italiens.

3. Ils sont Italiens.



Et je vois au moins 2 autres raisons de s'intéresser à cet album en particulier, quand comme moi on se contrebranle comme de sa première contrebasse (fictive) de leurs vieux albums cultes quand bien même ceci serait à regretter dans les quelques mois à venir (car je sens du potentiel dans leurs vieilles rondelles à ces vieux ringards) :

1. La pochette labellisée " Satan is Gay ", mais ça vous l'aurez deviné.

2. Le métissage aussi anachronique que has been heavy traditionnel + sons modernes type electro du pauvre et mélodies de synthés de neuneu (envolées de synthés pouet pouet cacahuète presque dignes des  grandes heures du prog italien)... en gros, une beaufitude digne des pires têtes de la NWOBHM et  du doom trad' couplée à l'état d'esprit bâtard et pseudo-futuriste de formations metal comme Kovenant ou Samael ou encore And Oceans qui se mirent à ouvrir la sucrière planquée derrière leurs T-shirts à têtes de démon, à la fin des années 90... l'héritage des années Matrix sur les métalleux européens, encore plus cons que la scène alternative ricaine, a donné des résultats étonnants. On se souvient de cette mini-mode, et Death SS a, a sa manière, mais en vieux briscard plus chelou que le reste de la meute, participé à ce patchwork aujourd'hui oublié... et vlà t'y pas que je me met à causer comme un historien... enfin, l'intitulé de la piste 3 résume bien l'esprit :et m'évitera de me fouler une phalange à essayer de tricoter des arguments + ou moins valables:  Hi-Tech Jesus.

enfin, y a quand même un 3... un gros 3 bien dodu... et turquoise à mort, en plus

3 : LE tube, qui s'appelle Lady Of Babylon. Evident. Limpide. Tout le contraire de ma prose... Un tube quoi., un vrai, qui t'envoûte et te rend débile. Le parfum secrètement méditerranéen (dans le sens Aphrodite's-childien du terme) d'un refrain en pur bois d'olivier, couplé à des synthés d'un kitsch cristallin et aveuglant et des vocaux de diva en plastique volés aux plus ringards des sympho blackeux style Eternals Tears Of Sorrow (à moins que ce soit du jus de gothpouf H²O style Theatre of Tragedy, in an Evian mood, comme dirait mon double si la métaphore est pas claire le chant féminin le sera toujours, t'inquiète) et purifié par la grâce de ces curieux démons transalpins... en un mot comme en cent : la classe. La brise délicate du souffle senteur pâquerette de l'Elfe sur le torse velu du hardos latin. FRESH, FRESH, FRESH.
Sublimissime mozzarella, en comparaison de laquelle le parmigiano reggiano que constitue le reste semble trop sec en bouche au début, alors qu'avec un peu d'écoutes on en apprécie à mort la saveur ringarde et la relative étrangeté, car finalement même avec tous ces plans bateaux (gnagnagna), ces riffs entendus mille fois (blablabla), ces grumeaux indigestes de King Diamond, on en vient à fredonner les refrains sous la douche en se disant que ça reste quand même assez "spèce" dans le fond, car c'est rital, peut être... Ce pourrait être scandinave, mais trop d'éléments t'indiquent que non... même si c'est plus riffu que griffu, dans le fond... ça y est je dis de la merde, y a plus aucun rapport entre les phrases... Enfin, chache juste que c'est frais, que c'est moche, et que c'est gracieux dans sa disgrâce, et que c'est has been, et qu'il faut écouter.

Pas une tuerie, mais un album suffisamment cool pour que je me sente l'humeur de vous en parler, mes petits bouquetins lubriques adorés.

Un putain de grower, même !

Streetcleaner (Godflesh, 1989)

Cette nuit dernière, où plutôt ce jour dernier (bref la dernière fois où j'ai dormi) j'ai fait un rêve gris sombre. Je me souviens qu'il était gris sombre, mais les détails, hein... c'est un peu toujours pareil quand tu racontes tes rêves aux autres : en plus d'être gay, ça vire au meublage mythomane en règle, on se met à inventer des détails qui n'y étaient point tout ça pour se la jouer original et faire style j'ai une personnalité t'as vu, genre moi quand je rêve c'est du bizarre, du tordu, du malsain.

Tout ce que je sais, c'est que ce rêve-ci n'avait rien de compliqué. Qu'il était simple comme un ciel gris sombre, et la rue en-dessous. Qu'il était la bruine d'un matin de Birmingham... comme si j'y étais déjà allé. J'étais paumé dans une de ses rues, à marcher droit contre des murs. J'avais mal au ventre... et les gens... je sais plus trop si y'en avait, mais c'est pas le plus important.

Il n'y avait que ce sifflement perfide qui ne cessait de me poursuivre. Initiales M.T.K.



J'ai pas écouté sérieusement ce disque depuis un bail, du coup je l'ai ressorti, et il pleut, et je suis d'une humeur maussade depuis quelques jours. J'ai des aigreurs au bide... Les gens me fatiguent. Tous.
Tu sais où ce genre de choses peuvent mener un homme fragile par les temps qui courent... être tué. Ou tuer. Comme je suis pas très suicide, c'est tout vu...
Je les aurai dans un coin de la pièce, sans avoir besoin de courir après. Et je cognerai dessus pour qu'ils meurent. Comme on le fait avec les rats quand ils dérangent...

Dans la vie, tout est logique, et tout est simple. La vie c'est gris, c'est sourd, ça te cogne comme un sourd, et ça te crie dessus pour te rendre encore plus hagard et sourd. Comme Godflesh.