vendredi 22 juillet 2011

Monkey Shines (George A. Romero, 1988)



Romero, s'il a été capable de grandes choses à côté de ses films de macchab', c'est indéniablement vautré en 1988, lorsqu'il voulu mettre sur pied cette histoire de possession amoureuse bien particulière, malgré un boulot incontestable niveau dressage et une première demi-heure d'exposition réussie et touchante. L'aspect thriller n'a pas beaucoup de crédibilité, guère plus que le jeu des seconds rôles qui - en plus de tout un tas d'autres facteurs que je ne prendrai pas la peine d'énumérer - viennent démolir ce qui aurait pu être un excellent huit-clos paranoïaque, si Romero s'était contenté de se concentrer sur la relation entre le singe et son maître au lieu de vouloir greffer du superflu. Que le nom de Savini au générique ne vous trompe pas : aucune trace de gore ici, pas la plus petite goutte, et aucune scène vraiment dérangeante à l'exception des brèves accolades limite sexuelles entre le tétraplégique et son singe, où de l'ultime affrontement. Voulu sérieux et sombre, Monkey Shines est en réalité plus proche du burlesque involontaire, avec des scènes et des répliques théâtrales proprement à se pisser dessus (ou se cacher de honte) au fur et à mesure que le métrage s'enfonce dans le n'importe quoi (notamment celles où Jason Beghe insulte sa mère, surjouée par l'insupportable Joyce Van Patten, une actrice habituée aux séries US des années 70)... Plus il déroule plus le film se révèle très bancal, et inachevé, comme si Romero n'avait pas eu le temps d'aller jusqu'au bout de ses idées (on ressent notamment ça dans le truc de la télékinésie qui fait lorgner le film vers le fantastique, mais inutile au final, où dans le côté un peu "Re-Animator" des séquences de laboratoire avec l'excellent John Pankow en scientifique insomniaque shooté au sironimo), et tape très vite sur le système à force de tourner en rond autour de son gimmick schizo, jusqu'à la nausée. Quelques images marquantes, jusqu'à la fameuse scène de mise à mort du capucin (totalement fendarde), pour une série B mal fagotée au potentiel nanardesque conséquent, achevée menton au sol par un happy end foireux. Gâchis.


In the mood for queud...





dimanche 3 juillet 2011

Altered States (Ken Russell, 1980)



Autre machin culte dont l'aperçu de bribes volées lors d'une diffusion télé m'a beaucoup marqué, Altered States mérite sans doute son statut, malgré son côté bancal et inachevé, son absence de scénario, ses seconds rôles sans épaisseur, ses dialogues scientifiques indigestes et sa deuxième partie aberrante, c'est sans nul doute un des très rares films dont la vision marque, questionne, qu'on soit attiré par le sujet ou non (pour moi c'est un des thèmes les plus casse-gueules du cinéma, Jan Kounen en sait quelque chose). Presque tout l'intérêt d'AS réside évidemment dans les hallucinations, ou plutôt leur interprétation filmique (donc figée) : organiques, puissantes, abruptes, volontiers grotesques et sans équivalent cinématographique (à part peut-être chez Jodorowsky ou dans les séquences les plus barrées du 2001 de Kubrick), notamment la première initiation à la substance chamane lors de la fameuse "fissure dans le vide", d'une telle densité - et beauté - qu'elle mérite plusieurs visions. Il paraît que ça se regarde sous drogue pour faire un effet boeuf, mais ça doit aussi valoir pour un métrage de Coline Serreau ou n'importe quel film, encore qu'il semble peu probable que Justin Broadrick aurait pu tirer la pochette de Streetcleaner d'un Coline Serreau... A part les séquences sous ayahuasca et l'excellence de William Hurt, on notera aussi de sévères déformations physiques type tumeurs mouvantes et phlyctènes géants, très proches de ce qu'a fait Cronenberg dans Scanners la même année. Body horror, qu'ils appelaient ça, un temps.

Le gros problème dans Altered States, car il y en a un et de taille, tient dans sa deuxième moitié : dès l'instant où Ken Russell décide de matérialiser cette chose purement subjective et psychique, en faisant de son héros un primate bondissant et poussant des cris ridicules, c'est la déconfiture, la redescente (sans jeu de mot) au niveau d'un film de loup-garou foireux des années 50, le gâchis d'une idée de départ bandante, heureusement relevé sur la séquence finale avec force flashs de couleurs inversée et hystérie visuelle, mais là il faudra s'accrocher, ou avoir fantasmé sur la pochette du Technique de New Order pour pleinement apprécier, moi ça m'a plongé entre le fou rire et la stupeur, la nausée, pas loin de la terreur sourde. A retenter dans la condition sine qua non éventuellement. Reste à définir laquelle...

mercredi 29 juin 2011

Hideaway (Brett Leonard, 1995)



J'avais été traumatisé, vers 9-10 ans, par un visionnage du début, sur Canal+, lorsque le psychopathe se plante sur un poignard en pleine cérémonie satanique après avoir tué maman et la frangine dans la maison familiale... Je m'étais gravé le titre du film dans un coin de ma caboche, après l'avoir glané sur la programmation du Canal Mag après moult recherches fébriles, et c'est seulement hier que j'ai enfin pu le revoir (j'avais également flashé sur Petits meurtres entre amis la même année je crois). Evidemment à la révision, compte tenu du nom du réalisateur, il apparaît que Hideaway (sorti chez nous sous le titre "Souvenirs de l'Au-delà"), passé sa puissante introduction méritant le souvenir que j'en ai gardé, est un raté, entre nanar et film de commande torché à l'arrache, adaptation plus qu'approximative d'un excellent Dean Koontz (qui tentera par tous les moyens de faire retirer son nom du générique), ornée d'une des cascades de voiture les plus mal gérées de toute l'histoire hollywoodienne et de dialogues à la cohérence douteuse, d'une mise en scène calamiteuse - qu'on pourrait résumer en un code morse qui ferait "un tour en bagnole - une hallucination - un tour en bagnole - une hallucination" - avec toutefois une première moitié généreuse en passages ambiancés karacho, notamment la traque de collégienne en boîte de nuit sur de l'indus avec ambiance bleutée, proche dans l'esprit des (rares) bonnes scènes de Copycat... et puis il y a évidemment la patte cyberspace cheap malsaine de Brett Leonard, responsable du culte et toxique "Cobaye" s'il fallait le rappeler. Imaginez les séquences 3D les plus laides et radioactives du fameux Cobaye, en encore plus malsain : visions de l'Au-delà kaléidoscopiques, flashs pédophiles à la sournoise et final n'importe-quoi inespéré en forme de battle Enfer versus Paradis, j'en suis resté les yeux comme deux ronds de flan, techniquement c'est du très très très lourd, même un gamin qui a été biberonné à  Dragon Ball et Sailor Moon risque sa santé mentale, je préviens... Pour finir, le casting des seconds rôles, à l'exception de Jeremy Sisto, excellent en serial killer narcissique façon Buffalo Bill hétéro, se contente de réciter les répliques molles d'un script honteux en ne prenant même pas la peine d'y croire, la palme étant détenue par Alicia Silverstone (la fille que Sylvester a eu avec Stallone, vous savez) ex-aequo avec l'espèce de sous-flic qu'ils ont collé à l'enquête, les forces de l'ordre se résumant (faute de budget, plaqué dans les FX infographiques ?) à une espèce de copie hongroise de l'Inspecteur Lavardin croisée avec un Columbo discount.



Mais parler de casting sans évoquer l'inénarrable tête d'affiche serait une erreur dramatique. On pourrait en dire long sur Jeff Goldblum dans Hideaway... Pensez surjeu, solitude totale et coolitude absolues, plus loin encore dans le suprême Goldblum que le nerd rock star qui sauva Jurassic Park de la déconfiture (ok, juste après le dino à colerette) ou le nerd juif qui sauva l'humanité dans Independence Day, presque au niveau de Mister Frost (j'attends encore la version DVD de part chez nous), voire ça... Jeff baise comme dans les pubs pour déo, Jeff coupe des légumes dans la cuisine, Jeff s'automutile à la lame de rasoir, Jeff tient un fusil à pompe habillé en pull over col roulé en prenant une mine circonspecte ; bref Jeff se donne par moments tellement à fond qu'il en devient effrayant, même si la plupart du temps il se contente de rouler des yeux et d'y aller du tic nerveux comme s'il était encore Brundle Fly, se demandant constamment qu'est-ce qu'il est venu foutre dans cette galère... mais bravant toutes les étapes du massacre avec une ingéniosité qui laisse coi, assurant presque à lui seul au film l'accès au statut de curiosité. Notez que la bande originale, 90's obligent, s'en sort pas mal : du FLA, du Godflesh ("Nihil", pas de doute le choix aurait pu être pire), du Miranda Sex Garden sauce grunge, du Peace Love & Pitbulls, et certes moins surprenant du Fear Facto et du KMFDM.


dimanche 15 mai 2011

mardi 5 avril 2011

Black Swan (Darren Aronofsky, 2010)



Ici, il y a presque tout pour faire fuir l'homme de goût normalement constitué. Et croyez-le ou non, l'incongrue pseudo-racaille qui fût jadis un De Niro made in taiwan tout à fait convenable chez Kassovitz, reconvertie en sinistre prof de danse à col roulé, n'est pas le plus épais des postillons aronofskiens éclaboussant le plastron de la grâce - disons qu'il participe modestement à un tout de médiocrité affichée...

Comme je l'ai dit ailleurs et pour vous donner un aperçu fidèle de mon ressenti, Black Swan n'est qu'un remake racoleur et gogoth de La Pianiste de Haneke, agrémenté d'une pincée de mauvais Polanski, que ce soit au travers d'hallucinations complètement ratées et indigentes ou de la trame (qui se veut d'après ce que j'ai cru comprendre un crescendo vers la paranoïa), sauvé par ses rares mais efficaces scènes de touche-pipi, et sûrement pas un film glauque ou trouble comme j'ai pu le lire ça et là. A moins que Natalie Portman ne relève à vos yeux du trouble ou que les pubs "try to remember" pour Carte Noire figurent dans votre panthéon du morbide.

Du début à la fin, ce film est à l'image de son actrice principale : navré et navrant, comme ses gamines qui pleurnichent dans les jupes de maman pour avoir leur premier cellulaire, à un âge où le goût d'une bitte relève de l'insoupçonnable. Inutile de se fatiguer les nerfs à gueuler dans pareils cas, père et mère le savent tous deux : une petite gifle sèche et humiliante sur la joue rosie, et il n'y paraîtra plus.

jeudi 10 mars 2011

Grizzly Man (Werner Herzog, 2005)



Mis de côté depuis mon visionnage du Bad Lieutenant dominé par Nicolas "Caged", et dans ma ligne de mire depuis le robuste Rescue Dawn, Grizzly Man m'a conforté dans l'idée que le vieux Werner vieillit très bien, qu'il reste passionné par ses vieux thèmes métaphysiques, et qu'il montre toujours la nature comme personne, et l'humain idem. Avec une cruauté très karacho, et ce souci permanent du danger. Ceux qui se contrefoutent royalement des ours peuvent foncer sans problème, puisque ça n'est en rien le sujet.

Grizzly Man est un docu-fiction sur un écolo naïf et parano aveuglé par son amour pour les plantigrades, qui a côtoyé de très près les plus dangereux d'entre eux, pendant treize étés, dans la verdoyance verdissime de l'Alaska, jusqu'au jour où l'un d'eux l'a bouffé.

Herzog a rencontré pas mal de monde, les potes, les ex-copines, le papa et la maman, le pilote d'hélico, même le légiste qui a dû examiner les ossements qu'on a ressorti du ventre de l'ours... Il a fait ça bien.

Pépé Werner tente de comprendre l'homme, et jamais la bête, qui n'est à ses yeux que machine. Il s'y fait Maître de Cérémonie de rushes tournés par le héros tragique, laissés en témoignage derrière lui. Il ne se gêne jamais pour modeler le réel à son bon vouloir, because cinéma, et ne se limite pas dans le théâtral, se qui fait aussi tout le sel de son film par rapport à un documentaire lambda. Herzog s'arrange avec l'objectivité quand il faut, en ménageant quelques regards contradictoires, ce qui est toujours bon à prendre, mais reste en même temps dix millions de fois plus subjectif que le serait un boulet comme Yann Arthus.

Beau et hautement impur. Je dois avouer que ce que j'ai préféré, ce sont peut-être - plus que l'attachant et narcissique héros, plus que cette odeur tenace de mascarade et de mythomanie, plus que le délice coupable de sentir le méticuleux travail de manipulation d'un type ayant fait main basse sur le journal intime d'un autre type, avec le minimum syndical de respect - les incursions tantôt glaciales tantôt exaltées du vieux Herzog en voix off, et aussi dans le champ, notamment quand il interview les ex-femmes du regretté en surlignant le pathos au gros feutre... on peut donc lui trouver au moins deux points communs avec Delarue.

mardi 8 février 2011

Darkness (Jaume Balagueró, 2002) / Los Sin Nombre (Jaume Balagueró, 1999)


Le Darkness du très attachant Balaguero est un bon gros nanar à peine déguisé en summum de la terreur pure (la scène du découpage de patates hystérique symbolise très bien tout ça), qui pille maladroitement Shining en ayant à peine le niveau d'un fond de tiroir de la vague asiatique des "films de fantôme". Je sais pas ce qui m'avait laissé une impression plutôt positive la première fois que je l'ai vu (bien que j'aie déjà senti un potentiel involontairement comique assez poussé), peut être les seuls trucs vraiment bien foutus : le travail assez énorme sur le son et les ombres & lumières, et l'idée du tableau avec les trois vieilles (les bigoudènes de la pub Tipiak sans leurs coiffes ?) qui sont vraiment le seul truc inquiétant. Le père est grotesque, la mère insupportable, le gosse interchangeable avec n'importe quel mouflet des garderies spielbergiennes, et la jeune ado un sosie tiédasse de Jennifer jason leigh période JF partage appartement... 


On est très en dessous de la Secte sans nom (Los Sin Nombre/The Nameless) que j'ai revu dans la foulée, et qui malgré ses longueurs reste une des tentatives du genre les plus glauques : le concept du "mal absolu" ou de "l'ultra-evil sub-satanique pur à 100%", qui a toujours été le crédo du très naïf et attachant Jaume, y était bien mieux (et bien plus sournoisement) exploité, et l'ambiance laissait vraiment une sale odeur derrière elle, longtemps après le générique. Le tout baignait comme Darkness dans un occultisme de série B, avec des méchants qui une fois décrassés de leur attirail "réseau pédophile / secte nazie" auraient fortement ressemblé à ceux des albums de Tintin, mais quelque chose de vraiment dégueulasse s'y tramait., on se laissait prendre, on y croyait. Si la conclusion de chacun des deux films se vaut question "sombritude" ou "evilness", leurs deux génériques respectifs, très semblables dans la forme mais pas du tout dans l'effet qu'ils produisent, traduisent bien le gouffre qui les sépare : celui de The Nameless frôlait dangereusement avec le cliché fatiguant du générique à 'flashs chocs fragmenté' (ou FCF) en restant terriblement malsain, celui de Darkness plonge les deux pieds dedans.

dimanche 30 janvier 2011

A l'Origine (Xavier Giannoli, 2009)

De toute façon c'est bien fait pour ma gueule... M'enfin, qu'est-ce qui m'a pris de voir un film avec François Cluzet ? J'ai dû avoir le lointain (mais tenace) souvenir de sa prestation de jaloux névrosé dans l'Enfer de Chabrol, ça doit être ça... non pas que j'aie en horreur le brave François, mais on ne peut pas dire qu'il soit le dernier dans le genre acteur-indicatif "film français bon chic bon genre qui va te laisser un arrière-goût d'endive cuite et te faire perdre 90 minutes de ton existence".



Je ne me fatiguerais pas à vous faire une description minutieuse d'A l'Origine (je risquerai de finir comme François, plus las de la vie que le plus las des koalas). Disons simplement pour être le plus fidèle possible à la réalité qu'il s'agit d'un sempiternétunième fantasme auteurisant bien de chez nous sur l'ambiguïté de l'humain, des rapports humains, de ce qui nous lie et nous délie, de nos failles et de nos forces qui peuvent parfois se confondre lorsqu'alors de cet acte absurde et destructeur autant que salvateur jailli la beauté la plus pure... Alors, " héros ou escroc " ? En voilà une question qu'on s'en fout. Les dix premières minutes sont pourtant pas catastrophiques, nous mettant le groin dans le pédiluve de ce quotidien morne et déprimant sans aucune forme de préambule présentatif. Mais ça se gâte très vite, et plus ça avance moins y croit...

 
"J'en ai marre ! J'en ai maaaarre putain ! Bweuheuheuh... j'suis foutu tu comprends ! j'suis allé jusqu'au bout de mon trip, laisse-moi brave ouvrier, laisse-moi m'enfoncer dans les tréfonds boueux du désespoir et de la désespérance... je dois en finir... seule compte la dernière image que l'humanité aura de moi... it doesn't matter if WE ALL DIE..."

"Non, ne dites pas ça Monsieur François ! c'est juste de la terre, ça se lave !"

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Si les seconds rôles sont tous assurés sans les excès de jeu typiquement franchouillards qu'on peut craindre autant qu'espérer (tout le monde incarne parfaitement son personnage, avec une crédibilité et un naturel de chaque instant), on pouffe gras devant la représentation sociale à gros sabots, sorte de parodie d'un mauvais Ken Loach, dans laquelle les cas sociaux, cons et naïfs, mal fringués et fumant du shit devant TF1 (j'exagère un peu, en fait ça ne concerne qu'une très courte scène - mais ô combien tâche), croient à un miracle et se confient tout entiers dans les mains du messie providentiel qui leur délivrera un smic non moins providentiel - un messie qui a pourtant l'air dès le début aussi enthousiaste et pétant d'entrain qu'un suicidaire endeuillé sans domicile fixe venant de subir une quadruple ablation des bourses. Ils auraient mis à la place de François le gars qui a joué Ian Curtis dans Control, ça aurait pas été mieux foiré. L'un de nos prolos-disciples, un peu moins con et naïf que le reste de la meute, va pourtant créer une nuance, résumant finement la pensée hautement philosphique du réal : "au moins on aura vécu quelque chose même si c'est pour de faux" - ou quelque chose dans ce goût là. La maire du village et amante du escroc-héros, en revanche, tombera des nues découvrant la supercherie, aveuglée par son amour sans doute... il faut dire qu'avec un homme aussi lumineux que ce brave François, aussi...

Là où reprendre les faits tels quels (parce que c'est une histoire vraie, j'ai oublié de préciser - comme je vous l'ai dit au début, je l'avais cherché) aurait été bien plus efficace (le mythomane en question a simplement débuté un demi-mètre de chantier et non un pan de route complet - avec une petite dizaine d'ouvriers) ; le réal préfère s'enfoncer dans ce délire mollasson et guère captivant, vu que le chantier en question on voit pas très bien à quoi ça ressemble au final, et comment les gars ils progressent, trop confus, trop flou (ok au début y a de la terre et après on voit du bitume et des beaux lampions, mais ça fait pas tout), à moins que ça ne soit précisément ce qui fait l'originalité du délire, cette course effrénée vers l'inutile, le travail vers le rien... c'est d'un chiant peu commun, de toutes les façons. Ajoutons à ce tiède constat une partition post rock fort soyeuse totalement dans le vent, Depardieu en truand sensé symboliser la culpabilité de notre héros, fantasmé ou réel (façon Clare Quilty du pauvre), arrivant et repartant comme un pet, et vous obtenez une bien beau petit film français à usage unique, finissant à coups de tombereau dans le bon sentiment le plus soluble.
 "oui... et si finalement c'était ça, le but ultime... aller jusqu'au bout même si ça ne rime à rien ! pour la beauté du geste ! car tout à commencé... et tout doit finir... ah, me voilà ragaillardi ! à moi, gloire et postérité !"
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 Emmanuelle Devos, toujours entre grâce naturelle et ragnagna florentin (pas le gâteau, le cours) selon l'angle, est peut-être la seule à donner un semblant d'intérêt, d'étrangeté à ce sémillant naufrage, et j'ai peut-être découvert quelque chose de plus sur son charme nauséabond, sans savoir quoi. Serai-je bientôt en mesure de mettre un mot décisif sur ce "1 quart d'érection 1 quart de répulsion 1 quart de pitié 1 quart d'indifférence" qui la caractérisent plus que toute autre actrice ? Un jour, qui sait - et alors je saurai peut-être ce qui se trame derrière l'ingénieuse ingratitude et le familier inexplicable de ce visage et de cette voix, m'évoquant le tripotage fébrile de la gentille godiche de la classe dans un des placards à balai de la Sorbonne.

samedi 15 janvier 2011

De l'utilité parfois maléfique (Raven a commenté cet adjectif hier matin : Raven AIME cet adjectif) des réseaux sociaux (3 amis de Raven ont commenté ce titre d'article)

Me confondrai-je encore en excuses à ceux qui me considèrent comme une connaissance proche ou loitaine et poinçonnant leur quotidien de connections éparses sur le réseau sataniste mondial ? Amis, tantes et cousines m'ayant encore rappelé à la Noël, que je n'étais qu'une courge associale infâme, que se connecter sur son compte pour "suivre" ne prenait guère plus de trente secondes par jours... que dois-je répondre à ses attaques, sont-elles justifiées ? Et tout d'abord, que pourrai-je donc invoquer comme raisons valables ?

La paresse ? Non, ça c'est justement une des raisons qui me pousserait logiquement à y zoner.

L'égoïsme ? Complètement à côté de la plaque, la preuve c'est que je suis justement en train de me poser la question de savoir pourquoi... si j'étais égoïste je n'y penserai même pas ! ça coule de source !

En cherchant bien... ah, ça y est, ça me vient maintenant ! C'est clair comme un lac de montagne et c'est tranchant de lucidité.

1. Je déteste les hopitaux. Je ferai tout mon possible, jusqu'à la fin de ma vie, pour éviter d'y séjourner, pas tellement à cause des autres malades, ni de l'appréhension de la mort ou de la douleur... mais simplement du décor.

2. L'esthétique de FB et MS me rappelle plus que tout celle d'un hôpital, le plus impersonnel et kubrickien qui soit : le décorum est lisse, vide, immaculé, les corridors blancs et sans fin, j'ai froid, je grelote, les murs sont blancs, si blancs... je sens l'odeur des produits antiseptiques, antibactériens et antibiotiques qui corrodent mes narines et s'emparent de mon âme, une infirmière au visage outrageusement photoshopé s'avance vers moi, me dictant d'une voix monocorde des slogans effrayants et secrètement malsains aux structures volontiers polymorphes comme "créé ta ferme Facebook", "tu as une demande d'ajout" ou "Tarte au myrtilles saupoudrée de sucre glace mmmh - LOL, raven aime ça"

3. Mon âme s'évapore dangereusement au contact du fluide cryogénique ultra-moderne et ultra-dans le coup, je suis dos au mur de la cantine recouvert de post-it de même taille et de même couleur disposé en colonnes parfaites, en face d'un peloton d'exécution dont les tireurs portent des masques pâles arborant le large et bienveillant sourire du chat d'Alice, les dernières miettes de conscience subsistant sur la nappe cirée de mon cortex se dérobent lentement à l'emprise de la raison et du sentiment, au contact glacial de ce background de self-service dévasté par le nucléaire et la modernité, au contact de ces gimmicks robotiques, slogans droïdes et messages volatiles qui rongent ce qu'il me reste d'humanité, de passion, de vie...

4. JE NE SUIS PLUS ICI.

Tout le monde comprendra donc, je l'espère, à quel point ceci est sérieux et combien il faudra que je me préserve, le plus longtemps possible, d'un contact avec le bâtiment. Ceci étant dit, il m'arrive - très rarement mais ça arrive - de découvrir que des groupuscules aussi secrets et malveillants qu'indispensables y ont fait leur nid, et que leurs desseins ont, parfois (ça arrive) quelque chose à voir avec l'attente d'un certain Voyageur, Destructeur, Gozerien... va-t-il revenir ? Son ombre menace... Oui, je le perçois, au loin... MICK SMILEY, le plus grand chanteur de la galaxie quatre-vingt, le Maître Ultime du Tube Ultime de la New Wave la plus Ultime et Psychopathe, se cache quelque part, dans une réception de motel au large des côtes hawaïennes, dans la gestion d'un parc de loisirs de Louisianne, dans une banque de Sacramento, dans les cages à tigres d'un Zoo californien, dans l'équipe de maintenance Facebook canadienne - qui sait ? Il est quelque part sur cette planète, tapi dans l'ombre... et il va revenir... je le sais. Je l'ai vu en rêve.


lundi 10 janvier 2011

House Of God (King Diamond, 2000)



Je ne possède qu'un seul disque de King Diamond.

Il se nomme House Of God.

Je l'ai acheté peu après sa sortie, au rayon heavy métal du disquaire de la galerie marchande du Leclerc de Chalon-sur-Saône (un jour où la vendeuse qui se trouvait habituellement au guichet était absente).

J'avais une peur teintée de fascination devant la pochette (trônant fièrement au milieu d'une tristouille quasi-intégrale de remasters Kiss, comme le jambon avec couenne cuit au torchon Madrange au milieu des indélicats ronds de fesse découennés de Monique Ranou).

Elle reste encore en bonne place dans le panthéon fort convoité des pochettes les plus sobrement âcres et malsaines jamais sorties (ceci n'a rien de subjectif, tout est dans la dentition John Landis, la texture 'parchemin de peau' dont on sentirait presque le grain sous les doigts, et la pose miséricordieuso-masochiste de Jésus propice aux rêves les plus dégénérés de Mel Gibson).

Je l'ai enfin écouté après avoir laissé le disque sous cellophane pour contempler la pochette pendant deux ou trois jours.

Tout en l'écoutant stupéfait d'abord par les riffs (efficaces) puis par les vocaux (vocaux), je feuilletais le livret et les tronches et noms du line-up ("oh, le cousin caché de Michelle Laroque fait du heavy-metal hollandais", pensai-je furtivement)

Je découvrais émerveillé qu'Elie Semoun était fan d'Alice Cooper et de Rob Halford et qu'il enregistrait des disques racontant ses joggings nocturnes au cimetière communal.

Après, j'ai un peu déchanté quand j'ai écouté ses vieux albums, à l'exception des vieux Mercifioul Fête  (et surtout "Romps Pas L'serment") : tous pareils, tous plus moches les uns que les autres, tous plus remplis de pipistrelles en plastique mou et tous plus pleins de délire et de mise en scène folles, avec encore plus de théâtral dégoulinant et de chorégraphies en roue libres de travelos gothiques dans les catacombes et les asiles sous-terrains les plus humides et cancérigènes de la galaxie Pinder... mais sans les yeux rouges et l'efficacité acérée qu'on a ici, une sorte de chevauchée en chopper du Comte d'Eldorado à travers les stèles du Phantom Manor, qui n'a guère besoin de plus d'une intro dark ambient Fulci-Bandaï pour te prendre direct dans ses filets.
Black Devil, Catacomb, The Pact, The Trees Have Eyes... que du tube ! Fichues goules homosexuelles de droite...

vendredi 7 janvier 2011

Dead Again (Type O Negative, 2007)

Comme dans le cochon, dans Type O tout est bon.

Voici le fromage de tête... 


Et voici le seul album sur lequel je faisais la moue, un disque avec des couilles comme des pastèques et une chibre de canasson comme la superstar ornant leur pochette, avec lequel il fait des moulinets à dix centimètres de ton visage en te toisant d'un air à la fois mauvais et amusé. Voici leur seul album que j'ai négligé oui, qui (malgré que j'aie encore un peu d'indifférence tenace à son égard, par endroits) se révèle enfin à moi, un peu comme l'odeur d'un de ces caleçon à motif outrageux qu'on t'avait offert à dieu sait quel Noël familial et que tu as oublié au fond de l'armoire pendant des mois, parce que tu ne t'es jamais senti d'attaque pour le porter. Petite nature va ! Tout ça est trop férocement corniaud et ventru pour que je ne me décide pas à aller plus loin que ses apparences peu flatteuses de doom bateau destiné aux beaufs amateurs de doom qui ont assez de disques de doom pour créer un rayon doom dans leur discothèque. J'ai rien contre ces beaufs là, mais TON a une beaufitude qui vole tellement plus haut que toutes ces histoires de chaussettes (puisque c'est une histoire de caleçon heheh) et de fans de NWOBHM nés vingt ans trop tard, une beauferie totémique, astrale,dont la force est à ce point incoercible que même Ambroise Michel (le fils caché de Barack Obama et Hilary Swank qui joue Rudy dans Plus Belle la Vie) est fan sans le savoir.
Je ne parlerais pas de l'aspect éminemment orgiaque et ultra-choucroutesque de cette entreprise qui réduirait l'estomac de Takeru Kobayashi à l'état de gant de toilette, et encore moins des accointances évidentes avec le marcel hardcore, qui ont été fort bien résumées chez Pépé Satan Owes Us Money, parce qu'au fond j'ai toujours du mal à admettre que Peter Steele soit autre chose qu'un goth pur sucre malgré ses années quatre-vingt, un peu comme j'ai eu du mal à admettre que Glenn Danzig n'est un gros travelo mythomane, mais elles contribuent naturellement au charme adipeux de cette merde. Hallelujaheuh.