dimanche 3 juillet 2011

Altered States (Ken Russell, 1980)



Autre machin culte dont l'aperçu de bribes volées lors d'une diffusion télé m'a beaucoup marqué, Altered States mérite sans doute son statut, malgré son côté bancal et inachevé, son absence de scénario, ses seconds rôles sans épaisseur, ses dialogues scientifiques indigestes et sa deuxième partie aberrante, c'est sans nul doute un des très rares films dont la vision marque, questionne, qu'on soit attiré par le sujet ou non (pour moi c'est un des thèmes les plus casse-gueules du cinéma, Jan Kounen en sait quelque chose). Presque tout l'intérêt d'AS réside évidemment dans les hallucinations, ou plutôt leur interprétation filmique (donc figée) : organiques, puissantes, abruptes, volontiers grotesques et sans équivalent cinématographique (à part peut-être chez Jodorowsky ou dans les séquences les plus barrées du 2001 de Kubrick), notamment la première initiation à la substance chamane lors de la fameuse "fissure dans le vide", d'une telle densité - et beauté - qu'elle mérite plusieurs visions. Il paraît que ça se regarde sous drogue pour faire un effet boeuf, mais ça doit aussi valoir pour un métrage de Coline Serreau ou n'importe quel film, encore qu'il semble peu probable que Justin Broadrick aurait pu tirer la pochette de Streetcleaner d'un Coline Serreau... A part les séquences sous ayahuasca et l'excellence de William Hurt, on notera aussi de sévères déformations physiques type tumeurs mouvantes et phlyctènes géants, très proches de ce qu'a fait Cronenberg dans Scanners la même année. Body horror, qu'ils appelaient ça, un temps.

Le gros problème dans Altered States, car il y en a un et de taille, tient dans sa deuxième moitié : dès l'instant où Ken Russell décide de matérialiser cette chose purement subjective et psychique, en faisant de son héros un primate bondissant et poussant des cris ridicules, c'est la déconfiture, la redescente (sans jeu de mot) au niveau d'un film de loup-garou foireux des années 50, le gâchis d'une idée de départ bandante, heureusement relevé sur la séquence finale avec force flashs de couleurs inversée et hystérie visuelle, mais là il faudra s'accrocher, ou avoir fantasmé sur la pochette du Technique de New Order pour pleinement apprécier, moi ça m'a plongé entre le fou rire et la stupeur, la nausée, pas loin de la terreur sourde. A retenter dans la condition sine qua non éventuellement. Reste à définir laquelle...

1 commentaire:

  1. Bien d'accord avec tout ça ; un film un peu bancal, parfois grotesque et par-dessus le marché saturé de dialogues explicatifs qui bousillent pas mal les jeux d'acteurs et qui auraient gagné à être épurés, mais qui a indéniablement de quoi marquer... Perso, j'y reviens régulièrement avec plaisir ! (Un des quelques films culte samplés par Sielwolf, pour l'anecdote)

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