mercredi 28 juillet 2010

Schlaf (Calva Y Nada, 1998)



Je remercierais jamais assez le vieux Gégé pour m'avoir définitivement contaminé à Calvados Y Nada - alors que je n'en connaissais surtout que la réputation, et Paradies - après en avoir entendu quelques bribes en allant me coucher en plein début de soirée comme une petite nature (faut dire que quand t'as l'habitude de dormir de jour tu passes pour un asocial... enfin j'en suis déjà un à la base mais ça aide pas); en sombrant  sur le matelas j'avais été comme bercé par la mélodie crevarde de ce qui me semble-t-il s'appelle Rascheln, résonnant à l'étage du dessous. Belle saloperie...

En fait, il est difficile de parler de Calva Y Nada, même si on en a grave envie tellement c'est simple et bon...  leur musique est d'une telle évidence, que ça se passe de mots, finalement.
Calva Y Nada, c'est évident comme si je te dis 'boudin noir', 'Horst Tappert' ou 'moustache d'Adolf'. Calva Y Nada est un cliché, massif et absurde, un de ces clichés lourds et encombrants que le pays d'où il vient a tant charriés et tant soufferts.
Calva Y Nada ça s'exprime pas, ça se vit... C'est un peu le même problème épineux que de vouloir faire découvrir d'autres formations 80's secrètes du genre comme Poupée Fabbrikk, Vomito Negro ou Borghesia... sauf que CYN sont encore plus fascinants que ces trois là (ne serait-ce que pour l'espagnol, certainement pas posé pour l'aspect exotique comme le feraient - feront - les technosatanistes compatriotes de 666), et que leur disco entière n'est qu'un album dès lors que tu deviens un tant soit peu accroc à ce son ancestral et oublié, mais massivement envoûtant...
Disons simplement qu'ils sont la version la plus teutonne possible des déjà très teutons D.A.F.
L'idée la plus pure et pornographique qu'on pourrait se faire d'une EBM gothique.
L'idée la plus pure de ce qu'on pourrait appeler "electro dark" dans un monde logique... des gothiques à synthétiseurs primitifs (eux, et leurs synthés) en vieille Volkswagen noire et sale, dans ce monde où Suicide Commando, Wumpscut et autres ne seraient que des beaufs un peu agressifs en Subaru tunnée, et Project Pitchfork des écolos pacifistes en Kangoo. Et le garage Ivens & Larsen pour les vidanges et autres réparations. Mieux que Laibach, Die Krupps et Das Ich réunis, Calva Y Nada te fait danser froid et suer froid. Calva Y Nada est grotesque et te glace les os, et ce bien plus vite et efficacement que ne le fera jamais un Front 242, le vieux scientifique de l'armée au teint pâle avec lequel tu m'as avoué avoir eu quelque relation sur le dancefloor. Avec Calva Y Nada le dancefloor devient tanzfleur. Tu y es, et tu y es bien, dans ce cauchemar aussi morne et douillet qu'un épisode de Derrick. Les danseuses de ce nacht-klub sépulcral sont toutes des boudins  au crâne rasé, bourrées au schnaps, mais elles te collent toutes une trique de cheval. Et tu les sodomises l'une après l'autre. En ne pensant à rien. Les yeux rivés sur un de ces murs pisseux enduits de cobalt. Bref, le pied.

Des mélodies qui restent collées à ton cervelet comme de la patafix, malsaines, linéaires et carrées. Un chant de gros cochon, malsain, linéaire et carré... Ridicule, abruti. De plus en plus flippant plus il est ridicule et abruti. De plus en plus encombrant... la grosse grosse flippe allemande oui, symptomatique de leur sens unique (et inné) du kitsch à angles droits depuis l'âge des statues aryennes et les premières toiles d'Otto Dix, de la virilité menaçante et du caricatural chirurgical. Rammstein ne sont peut être finalement que la version populaire et tous publics de ces bestiaux...tout compte fait... Foutus germains.

J'ai déjà réussi à régulariser les 5 premiers et coulé des jours heureux en leur compagnie, sans avoir à vendre un rein comme je le craignais - parce que tous ont en eux au moins 1 morceau qui t'oblige à les posséder, comme un diadème qui t'attire irrépressiblement à lui. Que ce soit la berceuse du disque, le tube bourrin ou le disco de service pour faire ses pompes. Au moins un morceau. Sur celui-ci - le 6ème, celui que j'ai pas encore - y a Leben, et Leben ça tue. Dès que je le vois à moins de 20 euros, c'est cuit pour sa pomme (nm : fruit rond provenant du pommier, à partir duquel on confectionne un alcool exquis)

3 commentaires:

  1. (j'avais de la lecture en retard, oui) moi ça me pose petit problème justement, le fait que bien souvent y ait qu'un morceau qui vaille le coup, comme sur Monolog eines Baumes par exemple ; merci pour une chro enfin qui rende le digne hommage qui se doit (à Breñal, pas à bibi)

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  2. merci pour le merci !... en fait je crois que le coup du "un morceau" était exagéré, bien que fondé parce qu'à bien y regarder ils posent un ou deux vrais tubes par disque, et remplissent le reste avec de la face B ou de l'instru glauquasse. Mais en fait je crois surtout que CYN est un de ces rares groupes (comme Godflesh) dont il faille acquérir la disco pour avoir l'Album... si je puis m'exprimer ainsi. C'est un bloc c'est un tout, indivisible et cohérent (ceci n'est pas une révélation toc, je le jure).

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  3. Yeah, j'arrive en retard, mais bonne surprise !
    Bien cool celui-ci ; y a pas que Leben qui tue d'ailleurs sur ce disque, El susto es nuestro défonce tout, pis Ode An Den Amok en mode darkelectroabilly, ça vaut son pesant de schnaps

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